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Après quelques coups frappés de mon majeur sur un carreau d’une fenêtre du salon du citadin Bauchard, un parfum agréable et tenace a ouvert la porte principale. Celle qui le portait a baragouiné qu’elle s’en allait et que mon ami allait me rejoindre tout de suite. Elle s’est mise au volant d’une banale Opel. La voiture correspondait étonnamment mal à l’apparence de la femme chez qui tout semblait composé pour retenir le regard.
– T’as vu ce cul et ces nichons, Toto ?
C’était la voix tonitruante de Bauchard qui m’accueillait. Il ajoutait un domaine à la panoplie des excès que je lui connaissais. Un verre à la main de la bouteille presque vide de Sainte-Croix-du-Mont posée à côté d’un second verre sur la table du salon, Pollo m’a invité à entrer. En même temps résonnaient les coups de klaxon que faisait retentir sa compagne d’un après-midi qui signalait son départ à ceux qui ne l’auraient ni sentie, ni remarquée. Je n’en étais pas, moi dont les attitudes calvinistes font pourtant l’objet d’allusions moqueuses de Bob ou d’autres rigolos mal intentionnés. Aussi réservés et discrets que soient les regards que je porte sur le corps des femmes, j’avais bien aperçu ces monuments d’une féminité extravertie. Il faudrait être aveugle, asexué ou ascète pour ne pas y être sensible. Et encore, dans ce dernier cas, les bien nommés nichons et cul étaient de nature à bousculer les vocations les plus ferventes.